"Le jardin du repos" Pa Kin

, par  admin

Pa Kin, « Le jardin du repos », Éditions Folio

Voilà un titre bien prometteur à qui rêve de calme, de vide, de plénitude, de méditation,… de repos ! Et pourtant ce roman, sans pour autant être sur un rythme soutenu, révélera son contenu pas à pas, dans toute la splendeur de l’attente d’un roman chinois et du savoir de la mise en scène de l’auteur.

Une famille riche et tourmentée, une autre famille ruinée et en questionnement servent de trame à l’intrigue du récit dirigé par Pa Kin.
Qu’est devenu monsieur Yang ? Son jeune fils le recherche, le retrouve, le reperd à nouveau.
Que deviendra Petit Tigre, Yao son père le ramènera-t-il à la raison à temps, et sauvera-t-il par là même son couple ?
Le personnage central du roman autour de qui tourne cette histoire est écrivain, Yao son ami d’enfance lui propose de vivre sur sa propriété, une grande maison entourée d’un jardin, lieu de repos planté de camélias et d’autres essences végétales. Il y découvrira l’arrogance de Petit Tigre devant son père et sa belle-mère ; surprendra le Jeune Yang venant y prélever discrètement des bouquets de fleurs dans l’ancienne propriété familiale.
Pour qui sont ces fleurs ? Le récit nous l’apprendra.

Très poétique, « le jardin du repos » se révélera triste et poétique, il laisse songeur, rêveur. Il peut apporter un sentiment de repos au lecteur malgré une fin tragique.

Pa Kin est poète, un anarchiste humaniste qui s’intéresse à la vie des petits gens de son époque en Chine. Il séjourna deux années en France, et s’inspira des grands penseurs de notre pays.
Ses romans, recueils de nouvelles, nombreux textes en ont fait un des auteurs chinois les plus lus dans son pays.
http://www.universalis.fr/encyclopedie/ba-jin-pa-kin/

En relation avec la pratique des Arts Classiques du Tao
Nous sommes habitués, sur un exercice spécifique nommé « la lune dans l’étang », à imaginer regarder la lune dans le ciel, puis son reflet dans l’étang, et même ses mille reflets dans l’étang. Page 198, Pa Kin propose d’imaginer le soleil répandant ses rayons sur la surface de l’étang, il développe ce monde sur l’étang en distinguant les lotus dont les feuilles déployées sont comparées à des mini-parasols.
Et pourquoi ne broderions-nous pas également, lors de l’exercice « la lune dans l’étang », tout un petit monde bien réel et différent suivant les saisons. Un peu comme pour la posture de l’arbre où l’on peut imaginer les oiseaux, les champignons,… qui accompagnent l’arbre pendant son existence.
Page 228 : « Nous nous trouvions déjà dans la galerie à l’orée du jardin et nous apercevions de l’autre côté de la balustrade, se coulant entre les arbres, les rayons nacrés de la lune. Une écharpe de brume blanche voilait les collines artificielles, partout se confondaient la lumière et l’obscurité. ».
A nouveau nous disposons d’une nouvelle image de la lune. Les rayons nacrés réussissent-ils à pénétrer la surface noire de l’étang en pleine nuit ?

Cet extrait fait également référence aux balustrades de jardin. Plus d’une cinquantaine de modèles classiques de motifs pour balustrade utilisés sous les Ming sont décrits dans le livre « Yuanye le traité du jardin (1634) » de l’auteur Ji Cheng (pages 193 à 211). Un bon ami m’a offert cet ouvrage il y a quelques années. Très précis il offre un aspect technique et scientifique. Avec de l’imagination il permet d’entrevoir de manière concrète les circulations de l’habitat au jardin ou inversement.
http://www.bibliomonde.com/livre/yuanye-traite-jardin-2980.html

Les deux doctrines peut-être les plus importantes de Confucius présentées dans notre pratique sont l’élévation au-delà de soi-même pour s’ouvrir et aller vers les autres. Page 212 l’auteur donne l’image du voyageur qui, après avoir gravi une montagne escarpée, découvre une large route.
L’élévation de soi et plus loin encore au-delà, demande un chemin, une voie, des choix, mais ce n’est qu’une première étape. S’ouvrir et aller vers les autres nécessite encore beaucoup de qualités d’ordres sociales, émotionnelles, psychoaffectives.