"Le Bureau des Jardins et des Étangs"

, par  Emmanuel

Didier Decoin de l’académie Goncourt
Éditions le Livre de Poche

Le plaisir d’un moment qui transporte le lecteur dans le Japon médiéval du XIIème siècle à l’époque Heian permet de s’échapper, de passer du temps ailleurs. Les aventures de Miyuki, la femme du défunt pêcheur de carpes Katsuro nous montre la détermination de cette villageoise en proie aux regards des siens, de ses compagnons de route, et surtout du directeur du bureau des Jardins et des Étangs.
L’histoire en fixant l’attention sur le parcours de cette jeune femme met en lumière le mythe des carpes, de la pêche en rivière, les procédés de sélection, le transport et le lâcher dans les étangs impériaux...une lecture à partager !

Extraits :
« [...]Ainsi la rivière Kusagawa n’était-elle jamais plus exaltante à contempler qu’après une forte averse, lorsque les torrents qui l’alimentaient la chargeaient d’eaux brunes, terreuses, où tourbillonnaient des fragments d’écorce, des mousses, des fleurs de cresson, des feuilles pourrissantes, noires, crispées ; alors la Kusagawa perdait son aspect miroitant, se couvrait de cercles concentriques, de spirales d’écume qui la faisaient ressembler aux tourbillons du détroit de Naruto, dans la Mer intérieure[...] » page 13.

« [...]Alertées par le soudain balancement imprimé à la palanche, les carpes se mirent aussitôt à nager dans leur prison portative-une nage en spirale, elles se décollaient du fond, s’élevaient vers la surface en cercles concentriques, puis repiquaient vers le fond. Ce seul mouvement suffisait, en se communiquant à l’eau, à provoquer une vibration de toute la perche. Cette pulsation semblait faire naître deux notes de musique, l’une venant de l’avant du bambou, l’autre de l’arrière ; à l’instant où elles se rencontraient précisément là où la perche pesait sur l’épaule de Miyuki, elles se fondaient l’une dans l’autre en une seule note idéale.
La moindre modification de cette onde donnerait l’alarme, signifiant que le bambou glissait d’arrière en avant, ou le contraire, alors Miyuki devrait s’empresser de le rééquilibrer. [...] »
page 46

Ces phrases, leur résonances sont facilement transposables à nos pratiques. Correspondances entre corps et esprits ou mouvements et pensées. Bon voyage !

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