"La Porte" Soseki
Ce roman inscrit dans la littérature japonaise commence à l’automne et se termine au printemps. La Porte est un roman où les phénomènes naturels sont décrits, par le regard des personnages mais aussi par leurs émotions et leurs ressentis corporels. Un certain nombre d’images présentées nous plongent dans cet univers classique extrême-oriental que nous aimons construire, imaginer, entendre et lire.
Être interrogé par le titre du roman lui-même et désirer le lire aux moments de profonds changements dans sa vie peut s’avérer amusant, et pourquoi pas devenir et s’inscrire dans une recherche personnelle.
La porte suggère en effet de passer d’un endroit à un autre, quitter un lieu pour en découvrir un autre, ou en découvrir de nouveaux. C’est aussi être invité chez des personnes considérées comme amis, amis en devenir ou autres encore. C’est franchir un seuil, ouvrir un nouvel espace. Quelque fois aussi repasser dans un espace déjà foulé.
Et à l’intérieur de soi...c’est la rencontre, l’imagination, la découverte, passer le cap des possibles, changer les habitudes ou ne rien changer d’ailleurs. Libre à chacun de franchir les portes comme il le désire ou de ne pas les passer. Ou encore de choisir le moment le plus judicieux pour réaliser ce passage.
Concernant le roman les deux personnages principaux Sosuke Nonaka fonctionnaire et sa femme Oyone vivent dans le Japon de l’auteur, soit la fin du dix-neuvième siècle et le début du vingtième. Ils sont entourés de Kiyo leur servante, Koroku le jeune frère de Sosuke, l’oncle, la tante et le neveu de ces derniers, de Gido le jeune moine du temple zen, de leur voisin amateur d’art et propriétaire de leur logement le riche Sakai et du souvenir de Yasui le frère aîné d’ Oyone.
Les journées s’écoulent lentement, entre le travail de Sosuke dans lequel il s’investit peu, et les soirées partagées avec Oyune. L’argent manque, les moyens de vivre aussi. Ils vivent en ville avec une façon de vivre à la montagnarde. Leur petit univers tranquille se transforme avec l’arrivée de Koroku le frère cadet de Sosuke devant être pris en charge financièrement par ce dernier pour la suite de ses études à l’université.
On y apprendra donc quelques techniques pour changer le papier de riz des cloisons coulissantes, notamment en soufflant du brouillard d’eau pour en humecter la surface du papier. Occupation hivernale à laquelle Oyone et son beau-frère répondront en se glaçant les doigts.
Sosuke à la recherche de lui-même se retirera pendant une dizaine de jours au monastère zen de Kamakura. Les journées toutes identiques se révèlent ponctuées par le son du gong dans la grande salle du temple, des méditations seul dans sa cellule, des encouragements de Gido le jeune moine lui montrant la Voie de recherche intérieure et les phrases rares et énigmatiques du Maître. Sosuke reste toutefois perplexe sur sa démarche.
Deux vies lentes ponctuées par les événements familiaux et quotidiens emmèneront le lecteur dans un rythme et une saveur de l’ancien Japon vers une époque plus moderne.
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