"La philo par les blagues" M. Granger N. Archimède O. Lauriot
« La philo par les blagues, je pense donc je ris ... » aux Éditions 21g
Les auteurs : Ondine Lauriot, Nicolas Archimède et Maxence Granger.
Ça change de Descartes qui pense donc qui est !
Un article de Georges Charles au sujet de Descartes, du Cartésianisme et des Cinq éléments :
http://tao-yin.fr/descartes-le-cartesianisme-et-les-5-elements/
Maxence Granger un ami de longue date est co-auteur de ce livre dont j’ai plaisir à feuilleter les pages. Le rire, par la pensée et par l’image, permet dans ce livre de découvrir les grands penseurs et philosophes de notre société.
La rencontre avec Maxence s’est passée sur Nantes dans les années 2000. Il est venu découvrir la pratique du bâton chinois enseignée au sein de l’association Souffle et Vie. Une amitié est née assez rapidement. Il avait déjà été initié aux arts chevaleresques d’origine asiatique par Michel Chiambretto. Nos échanges durent depuis plusieurs années. Je me rappelle les cours d’origami (pliage de papier d’origine japonaise) suivis avec lui quelques samedis sur Orvault (44), et les quelques bouquins offerts, jusqu’à un abonnement à « l’âge de fer » journal écolo dans lequel ses illustrations font fureur !
Le monde de l’image a toute son importance en extrême-orient. L’écriture par les idéogrammes fait référence à une image représentée par un signe. Illustrer la philosophie par la BD est une excellente idée. Certains d’ailleurs commenceront par le texte puis iront vers les illustrations, et d’autres feront le chemin inverse. Longue vie à la philo et aux blagues !
Le livre est composé de trois parties :
se connaître soi-même – le sujet
soi et les autres – autrui
le monde qui nous entoure
Dans cette troisième partie un passage traite de « la technique », p. 61, sur lequel je m’arrête.
Trois penseurs sont présentés pour illustrer le sujet, Hannah Arendt, Günter Stern et Aristote. Préalablement une introduction compare le « savoir technique » à la « science ». Hannah Arendt précise que l’époque moderne a muté dans la technique en montrant que l’utilisation des machines a dépassé l’utilisation des outils.
« Là où les outils d’artisanat restent des « serviteurs de la main », les machines, elles, ont un mouvement mécanique propre, qui force le travailleur à se mettre à leur service, et donc à s’adapter. La différence est donc que l’outil suit notre rythme, tandis que nous devons suivre celui de la machine. Ce changement de rythme induit, selon Hannah Arendt, un changement général de l’humain, dont le rythme s’accélère, et qui peut finir par se considérer lui-même comme une machine ».
Il est bon de lire cela, à une époque où on constate de plus en plus une forme de mécanisation même de la pensée, notre espèce subissant l’influence des machines. Les machines nous déshumanisent-elles ? Question provocatrice certes, mais indispensable ! La machine permet beaucoup de choses : oui nous allons plus vite (mais pour aller où, et à quel prix), oui nous économisons notre énergie physique, mais pour quel but ? À chacun de répondre.
Mes réponses en tant qu’ éco-jardinier (sans machines) se manifestent sous la forme d’un constat :
Je constate que les jardiniers amateurs ou professionnels ne savent plus pour la majorité se servir correctement d’outils. Soit les gestes utilisés ne sont pas les bons, avec des risques sur la santé à court, moyen et long terme (troubles musculo-squelettiques). Soit trop engagés avec la musculature, produisant un effort intéressant se basant sur la forme physique mais présentant une trop grande dépense d’énergie, et dans certains cas une possibilité de développement de tendinites.
Se servir d’un outil en utilisant son centre de gravité, son axe, les bascules anatomiques du poids de son corps, les règles physiques de levage, le lâcher-prise, des circulations respiratoires,… devient de plus en plus rare chez les utilisateurs d’outils.
Hannah Arendt parle de rythme dans ses écrits. Le rythme produit par ce mélange subtil alliant le corps et l’esprit est bénéfique pour nous. Une activité physique bercée par un rythme respiratoire, corporel, mêlé de l’intention de l’esprit procure de la vigueur. Et c’est cette rigueur et cette vigueur qu’il faut cultiver.
La pratique avec les outils peut se comparer au tir à l’arc. Il s’agit de « tendre vers », le centre de la cible ne reste que l’avant-dernière étape, la vacuité la dernière…
« Tendre vers » c’est se mobiliser (mobilisation), s’étendre dans un but donné (planter des poireaux, tondre sa pelouse,...), et à un moment il y a un résultat. Mais le chemin pour arriver à ce résultat peut être pénible ou non, régénérant ou fatiguant, bénéfique ou calamiteux, à chacun de le décider !
Lien sur le site pour les Ateliers Corps et Outils proposés par l’association « Au Bord de l’Eau les 108 Brigands ».