Chapitre 8 : Intégrité et corruption chez les fonctionnaires
Résumé du chapitre 8 :
Une escorte emmène Lin Chong au tribunal de Kai Feng Fu. Le Grand Préfet et juge Sheng interroge le malheureux. Lin Chong lui résume la totalité des événements passés, du jeune Gao qui à plusieurs reprises importuna sa femme, jusqu’au piège dans lequel il est tombé au palais du Grand Maréchal. C’est menotté et muni d’une cangue qu’il est envoyé au cachot.
Sun Ding le Petit Bouddha, registreur au tribunal, ayant bien compris le piège dans lequel est tombé Lin Chong prend sa défense. Intègre il pose même la question au Grand Préfet Sheng à savoir si le tribunal n’est pas au service du Grand Maréchal Gao. Il réussit auprès de Sheng à éviter la peine capitale. Lin Chong par contre sera puni d’une vingtaine de coups de bâton, marqué à l’encre sur les joues, et banni à Cang-Zhou dans une prison forteresse.
Avant de partir pour son triste voyage, Lin Chong reçoit la visite de sa femme, de son beau-père, des amis et voisins. Il s’arrange pour que soit rédigé un certificat de divorce, permettant à sa femme de retrouver sa liberté au cas où celle-ci désirerait se marier à nouveau. Sa femme et le père de celle-ci promettent quoiqu’il arrive de lui rester fidèle.
Les deux gendarmes Dong Chao et Xue Ba chargés d’escorter Lin Chong à la forteresse ont rencontré Lu Qian comploteur au service de Gao dans une taverne. Celui-ci les soudoie assez facilement en leur remettant cinq taëls d’or à chacun pour tuer Lin Chong. À leur retour, ils devront comme preuve de leur forfait, remettre après les avoir découpées sur les joues de leur victime, les marques tatouées. Équipés de leur bâton eau et feu, et d’un baluchon ils prennent la route avec le prisonnier. Sous l’effet de la marche et de la chaleur, les plaies dues à la bastonnade que Lin Chong a subit quelques jours plus tôt se rouvrent. Le soir lors d’une étape dans une auberge, les gendarmes soûlent leur prisonnier et profitent de son état pour lui ébouillanter les pieds. Le lendemain Lin Chong ne trouve pas ses vieilles sandales alors ses gardes lui en donnent des neuves qui lui lacèrent les pieds dont le sang dégouline. Lin Chong se plaint, il ne peut plus avancer. Ils arrivent et rentrent dans la Forêt des Sangliers, Lin Chong est ligoté à sa cangue et les gendarmes peu scrupuleux s’apprêtent à l’expédier dans l’autre monde à coup de bâton.
Commentaires :
Intégrité et corruption
Lin Chong subit la dérive du système judiciaire corrompu. Heureusement le registreur Sun Ding personnage intègre le sauve d’une mort à caractère officiel. Les malheurs de Lin Chong ne sont pas encore terminés. Ce personnage apparaît dans un premier temps comme un martyre, il se redressera…
Quand un système permet au juge et au préfet de s’accoquiner pernicieusement avec les détenteurs du pouvoir on peut s’attendre à une complicité sur le terrain des opérations de la part des exécutants de basses besognes. Un système qui corrompt sa police engendre des maux profonds répercutés sur le peuple, et pour les personnes en quête d’intégrité collective.
Lorsque le sommet est pollué par la corruption il faut s’attendre à une base également corruptible.
Un manque d’application de la pensée confucéenne s’observe :
Gao le Bel aurait du passer plus de temps à s’instruire sur les écrits de Confucius. Sans doute l’empereur esthète Huizong aurait du s’adonner un peu plus aux lectures confucéennes. Il aurait ainsi évité de s’entourer d’individu comme Gao.
Il est possible de se référer à la traduction des Entretiens de Confucius proposées par Anne Cheng parut aux Éditions Point Sagesse :
Au livre 12 sur l’art de gouverner, le maître répond : "Gouverner, c’est redresser le gouvernail..."
Le caractère zheng signifie gouverner.
Au livre 17 sur la décadence, cinq mots ont été traduits et proposés par Anne Cheng pour illustrer la réponse de Confucius lorsqu’un de ses disciples lui demande ce qu’est le" ren" : "déférence, grandeur d’âme, honnêteté, diligence et générosité".
Ces cinq qualités peuvent d’ailleurs être rapprochées des Cinq Éléments de la Pensée chinoise. Il s’agit de mon interprétation rendue possible grâce à l’enseignement dispensé au sein de l’école San Yiquan.
La déférence à la Terre, la grandeur d’âme au Feu, l’honnêteté à l’Eau, la diligence au Métal, et la générosité au Bois.