Chapitre 29 : Wu Song combat le Dieu de la Porte

, par  Emmanuel

Résumé du chapitre :

Shi En le Léopard aux Yeux d’Or explique ses tracas à Wu Song. Il possède un domaine, la Forêt Joyeuse à l’extérieur de la ville. Cet endroit sert de lieu d’échanges entre commerçants, de trafics en tout genre du type prostitutions et jeux. Shi En au début propriétaire d’une auberge, a gravi petit à petit les échelons, et s’est rapidement retrouvé le maître des lieux jusqu’à l’arrivée de l’instructeur Zhang maître d’armes de son état et surtout de son acolyte Jiang Zhong le Dieu de la Porte. Jiang Zhong excelle dans les pratiques de vouge, de canne, de boxe et de lutte. Il a déjà remporté plusieurs compétitions prestigieuses. Le coquin est venu défier Shi En amateur de vouge et de bâton d’arme. Le Dieu de la Porte est sorti vainqueur en infligeant une rossée monumentale à Shi En . Le Léopard aux Yeux d’Or blessé gravement, a du rester alité dans sa chambre durant plus de deux mois. Jiang Zhong en a profité pour usurper la place de Shi En à la Forêt Joyeuse. Celui-ci ne pense plus qu’à se venger de cette humiliation. Wu Song le Tueur de Tigre évidement devient pour Shi En le moyen de retrouver sa prestance.
Wu Song est régalé pendant deux à trois jours par Shi En et son père le directeur de la prison et commandant de la citadelle de Meng Zhou. Comme à son habitude, il abuse de quantité de vin jusqu’à s’enivrer, provoquant la peur des deux hommes qui se demandent si le Tueur de Tigre sera en état d’affronter le Dieu de la Porte. Shi En réduit petit à petit l’approvisionnement en alcool de son invité. Wu Song loin d’être dupe s’en étonne. Shi En se justifie en disant à son combattant qu’il doit être en forme pour le combat l’opposant à Jiang Zhong. Wu Song déclare alors qu’il ne faut pas « en laisser passer un sans trois ». Shi En ne comprend pas. Wu Song s’amuse à lui expliquer que sur le chemin séparant Meng Zhou de la Forêt Joyeuse, ils devront s’arrêter dans chaque auberge et boire trois coupes de bons vins. Shi En fait le compte, il n’y a pas moins d’une douzaine de tavernes entre les deux lieux, soit un total d’au moins trente-six coupes de vin. Comment Wu Song, s’en doute complètement saoul pourra t’il affronter son ennemi ? Son champion le rassure, c’est ivre qu’il a tué à coup de poing le tigre du col de Jing Yang, c’est encore ivre qu’il terrassera Jiang Zhong le Dieu de la Porte. L’état d’ivresse lui permet de posséder toute sa force.
Wu Song se prépare, accompagné par Shi En et une vingtaine de solides et vaillants gaillards choisit par le directeur de la prison, ils prennent la route de la Forêt Joyeuse.
Incognito le Tueur de Tigre alors seul devant l’auberge voit Jiang Zhong assis devant sa porte et met à exécution son plan. Sur la porte de l’auberge figure l’inscription suivante : « Dans l’ivresse, Ciel et Terre sont plus grands. Dans le vin, jours et mois sont plus longs ». Il entre et s’installe à une table. Trois à quatre serveurs s’affairent dans la salle pendant que la femme de Jiang Zhong se trouve derrière le comptoir. Il frappe du poing sur la table en commandant du vin. Le chef des garçons de salle voit bien que l’homme est déjà ivre, il le sert par trois fois. Wu Song, mécontent de la qualité du breuvage servi, insulte la patronne. La femme et les serveurs insultent tour à tour Wu Song. Au moment où la patronne excédée veut franchir le seuil de l’entrée afin d’aller avertir son mari, Wu Song l’en empêche en la saisissant et en la maintenant au sol. Les quatre serveurs lui viennent en aide, en vain, ils finissent la tête coincée dans des jarres de vin. Sauf un qui réussit à quitter l’auberge et prévient Jiang Zhong le Dieu de la Porte. Celui-ci arrive, les deux hommes se font face, Jiang Zhong de par sa taille est impressionnant. Wu Song utilise une série d’abord de feintes puis d’attaques portant le nom de « pas du bracelet de jade et jeu de pieds des canards mandarins ». Terrassé par Wu Song, Jiang Zhong jure d’accepter les trois conditions exigées par le vainqueur…

Commentaires :

Le vouge instrument guerrier pour les uns et agraire pour les autres…

Shi En et Jiang Zhong pratiquent tous les deux l’art du vouge. Jacques Dars utilise ce terme de vouge car l’instrument doit ressembler à l’instrument agraire européen. Soit un bâton assez lourd et résistant muni d’une lame de type sabre à son extrémité, ressemblant à une serpe italienne. Cela correspond pour la Chine à une hallebarde de guerre rattachée à l’élément Bois. Il est intéressant de constater que les mouvements générés par le corps au niveau du tronc et des jambes lors du maniement de la hallebarde puisent leur influence dans le Bois alors que les mouvements terminaux des bras et avant-bras correspondent à l’énergie du Métal et permettent la coupe. Ce qui paraît normal puisque la lame à l’extrémité de l’instrument incite à trancher, à séparer, à couper en deux, trois, ou plus suivant le nombre de mouvements produits.
Le vouge en tant qu’instrument agraire permet l’entretien des haies champêtres, voir même leur confection, et pourquoi pas certains entretiens dans les jardins. Utilisé en parallèle avec le croissant, il sert à émonder, élaguer et même s’il est muni d’un crochet peut permettre le plessage des haies.
Il est intéressant de confier un tel instrument à un pratiquant d’arts chevaleresques qui de plus est jardinier et d’attaquer un roncier avec pour but de limiter voir de faire disparaître les ronces. L’expérimentation à ainsi été menée. Les observations menées permettent de comprendre l’utilisation de cet instrument, non pas oublié mais fort peu utilisé de nos jours. Le vouge permet par sa forme des coupes vers l’intérieur, horizontales pour couper les pieds des ronces au niveau du sol en utilisant la posture du singe pour se rapprocher du sol, et des tailles obliques à hauteur d’hommes et à mi-hauteur des deux côtés. Et pour les endroits étroits, par exemple lorsque des ronces poussent entre deux arbres très proches, limitant l’utilisation de gestes amples, la présence du crochet dorsal est précieuse. Il permet de saisir la ronce en tournant le vouge d’un demi-tour, la liane est ainsi tendue et un mouvement court du côté tranchant permet la coupe de la partie enserrée.
Visiblement le vouge, suivant l’épaisseur et la solidité du fer et du manche, et aussi de la puissance de son utilisateur, permet des coupes verticales en hauteur sur du bois ligneux, branches d’arbres dépassant dans les chemins.
Pour les amateurs et/ou professionnels d’outils, voici le lien vers un extrait des travaux d’Antoine Paillet sur son livre intitulé : Archéologie de l’agriculture en Bourbonnais : paysages, outillages et travaux agricoles de la fin du Moyen-Age à l’époque contemporaine aux Éditions Créer.

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