Chapitre 27 : Sun la Cadette sert du vin soporifique

, par  Emmanuel

Résumé du chapitre :

Wu Song prend le chemin de la sous-préfecture pour confesser ses actes. Il emmène avec lui la mère Wang, les têtes tranchées de sa belle-sœur Lotus d’Or et de son amant Xi Men Qing, et également sa dague. Wu Song demande aussi aux voisins qui ont signé le procès-verbal rédigé par Hu Zheng Qing de l’accompagner. Devant le préfet, la mère Wang avoue une nouvelle fois ses fautes. Comme Wu Song, elle se voit attribuer une cangue. Afin d’alléger la peine de son capitaine pour qui il a beaucoup d’estime, le sous-préfet fait acter un nouveau procès verbal modifiant un peu le déroulé des crimes. Nombre de personnes de Yang Gu prêtent assistance à Wu Song, comme les soldats qu’il avait sous ses ordres. Toutefois Wu Song et la mère Wang doivent se présenter à Dong Ping la préfecture pour amender le nouveau procès verbal. Le grand préfet Chen Wan Zhao connaissant les actes de bravoure de Wu Song s’arrange pour qu’il ne manque de rien dans sa cellule. Wu Song est condamné à quarante coups de latte de bambou, à être marqué au visage et au bannissement à plus de deux mille lis dans la citadelle de Meng Zhou où il doit purger sa peine. Il évite ainsi la peine de mort. La mère Wang est punie d’un dépeçage en place publique puis d’une décapitation. Le jour de son départ Wu Song équipé d’une cangue autour de la nuque garnie de feuilles de fer et d’un poids d’un peu plus de sept livres assiste à son exécution.
Deux gendarmes accompagnent Wu Song à la citadelle de Meng Zhou. Bien traité par les deux hommes Wu Song n’hésite pas à les régaler dans les auberges où ils passent. L’argent qu’il possède vient de diverses donations et de la vente des biens de son frère orchestrée par les voisins de celui-ci. Sur la crête du circuit de Meng Zhou, à proximité de la forêt ils arrivent à l’auberge de la Falaise en Croix. Sun la Cadette la tenancière sert les trois convives, elle leur propose des petits pains fourrés à la viande. Wu Song qui connaît de réputation l’auberge commence à la taquiner en lui demandant s’il s’agit de viande animale ou de viande d’origine humaine… Passant ce détail Sun la Cadette leur sert du vin, les deux gendarmes le boivent aisément, Wu Song à la discrétion de tous se débarrasse du contenu du verre. Il a bien fait, ses deux accompagnateurs commencent à s’endormir, le vin est drogué. Wu Song fait semblant lui aussi de sombrer. Sun la Cadette demande à ses assistants d’emmener les trois hommes en cuisine pour les dépecer. La tenancière s’occupe de transporter Wu Song, les deux autres n’y arrivant pas. Celui-ci par un tour de hanche la retourne sous lui. L’aubergiste rentre à ce moment précis et demande ce qui se passe. Les deux hommes font connaissance. Il s’agit de Zhang Qing le Jardinier. Lorsqu’il apprend que c’est Wu Song qui est devant lui, il prononce des excuses. Connaissant l’histoire du tigre du col de Jing Yang il respecte le personnage. À l’origine Zhang Qing était jardinier au monastère de la Lumière, il a tué un bonze et incendié les bâtiments. Il a pris la fuite et trouvé cette auberge. Avec sa femme il dépèce certains clients à la fois pour la viande et pour leur bourse. Il évite de piéger néanmoins trois types de personnes, les hommes de religion, les chanteuses de cabaret et les braves des rivières et des lacs. Sun la Cadette omet quelquefois la règle et de fait, une fois elle a découpé un gros moine dont il ne reste plus qu’une tunique noire, un bandeau de fer, un chapelet composé de cent huit crânes réduits et une paire de coutelas en acier. Un autre bonze à failli y perdre la vie, Lu Zhi Shen le Bonze Tatoué alias Lu Da le contrôleur frontalier. Zhang Qing raconte à Wu Song que Lu Zhi Shen s’est rendu au monastère de la Perle Précieuse dans le mont des Deux Dragons et vit en compagnie de Yang Zhi le Fauve à Face Bleue. Wu Song leur demande de libérer les deux gendarmes, Zhang Qing formule une proposition à son nouvel ami.

Commentaires :

Le rapport entre Wu Song et la mère Wang :

Wu Song a connu avec Chao Gai et Song Jiang aux chapitres 22 et 23 une ouverture vers le monde des marais et des lacs, il est à ce moment en recherche de lui-même. Puis il est recruté par le sous-préfet de Yang Gu après avoir héroïquement tué le tigre du col de Jing Yang, il se met au service de l’autorité du pays. Quelque part il« s’emprisonne » dans ces démêlés familiaux (chapitres 24-25-26). Finalement la mère Wang, outre le fait de jouer un personnage perfide par son comportement, révélant son aspect vertueux le fait pencher dans le monde du brigandage. Certes la vertu de Wu Song s’exprime avec beaucoup de froideur et de fougue. La mère Wang joue un rôle d’initiatrice, sans elle Wu Song reste au service de la sous-préfecture. Wu Song aurait pu la tuer comme il a scellé la destiné de sa belle-sœur et de son amant. D’ailleurs il assiste à sa mort au moment où sa vie va prendre un nouveau sens. La mère Wang, personnage secondaire a une importance cruciale pour le roman car elle révèle un des plus grand héros de la littérature chinoise.

Une tenue à endosser :

Zhang Qing raconte à Wu Song que sa femme a tué et dépecé un moine bouddhiste. Il ne reste de lui que sa tenue, un admitattur et deux objets intéressants.

La tenue est composée d’une tunique noire, d’un couronne de lattes de fer. L’admitattur est un vieux terme de religion qui aujourd’hui est remplacé par le terme certificat. Le contenu permet de faire foi que la personne qui le transporte est vouée d’une mission, ou encore qu’il s’agit d’un aspirant entrant dans les ordres. Un chapelet et une paire de couteaux sont les deux objets que Sun la Cadette a récupéré.
Le chapelet aux cent-huit têtes est très prisé des religions hindous, jaïniste et bouddhiste. On égrène les perles en les ramenant vers soi, symbole pour extirper de la souffrance les êtres.
Il est facile de comprendre que ce religieux est un moine guerrier, l’acier des couteaux est de qualité. Zhang Qing précise même « entendre les lames émettre un son étrange au coeur de la nuit » . Normalement d’après l’auteur il s’agirait de Jie Dao, des sabres possédant une qualité d’acier reconnu. Ce sabre en fonte nécessite l’utilisation des deux mains, les Chan Ma Dao les couteaux papillons cantonnais répondent plus dans le cas présent aux sabres trouvés sur le moine. D’origine bouddhiste ils s’utilisent par paire.
La tenue est donc vacante, mais pleine de symboles...

Une remarque sur la suite des nombres :

Sun la cadette et Zhang Qing orientent Lu Zhi Shen le Bonze Tatoué vers le Mont des Deux Dragons au chapitre 17, 1+7=8. Tous les deux possèdent un talent pour proposer, guider les personnages importants du roman, comme présentement dans ce chapitre 27, 2+7=9. On observe aussi que le 9 suit le 8, que le chapelet bouddhiste composé de 108 têtes miniatures correspond à 9. 9 le chiffre du maximum du Yang, le Mont des Deux Dragons et le Monastère de la Perle Précieuse en subiront-ils l’influence ?

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