Chapitre 23 : Wu Song terrasse le tigre du col de Jing Yang
Résumé du chapitre :
Chai Jin présente Wu Song à Song Jiang. Les deux hommes deviennent rapidement frères jurés, ils s’apprécient beaucoup l’un et l’autre. Lorsque Wu Song décide de quitter le domaine de Chai Jin pour retrouver son frère à Qing He, Song Jiang est attristé. Il lui offre d’ailleurs un gros lingot d’or afin que Wu Song ne manque de rien.
Wu Song en quête d’une taverne s’arrête non loin du col de Jing Yang. L’endroit est signalé par un fanion qui stipule « trois bols ne passent col ». En effet, passée sa troisième bolée, lorsqu’il demande à l’aubergiste plus de vin pour accompagner les viandes qu’il a commandé, ce dernier refuse de le servir. L’aubergiste lui explique le sens de l’écriteau à l’entrée. Le nom du vin servi « Arôme qui filtre à travers la bouteille » prend tout son sens lorsqu’est évoqué sa deuxième appellation « Culbute à la sortie ». Difficile pour un homme ordinaire dans ces conditions après plus de trois bolées de passer le col de Jing Yang. Le client au fort caractère fait céder l’aubergiste. Après le règlement de ses consommations, soit au passage dix huit bolées de vin et diverses viandes, Wu Song sort de la taverne. Rattrapé par l’aubergiste dans la rue il est mis en garde sur un deuxième sujet : un tigre d’une force extravagante habite la montagne et terrorise les voyageurs. Il lui conseille d’attendre le lendemain la constitution d’un groupe pour passer le mont. Mais Wu Song, ivre, ne tient compte des sages recommandations.
Une fois à mi-hauteur en pleine ascension du mont il commence à sentir sérieusement les effets du vin. Tout d’un coup il ressent derrière lui la naissance d’un tourbillon, le tigre se révèle comme par magie. Wu Song est pris d’une sueur froide. Un combat fantastique s’engage entre l’homme et l’animal. Après les multiples assauts du tigre qui utilise sa queue comme une barre de fer, Wu Song prend malgré tout l’ascendant. Il conclut le combat en saisissant l’animal sur l’arrière de la tête et en lui appliquant plusieurs dizaines de coups de poing au même endroit, provoquant ainsi sa mort.
Il redescend le col assez vite pour se mettre à l’abri d’autres tigres potentiels, n’ayant plus la force de s’engager dans d’autres combats. Il compte le lendemain récupérer la dépouille de l’animal. Et là, surprise, il croise deux chasseurs déguisés en tigre, armés de fourches, instrument de chasse fort prisé. Aidés par quelques paysans, les chasseurs et Wu Song ramenèrent la dépouille au village. Après une fête célébrant la mort du tigre ils prirent la route de Yang Gu la sous-préfecture la plus proche pour présenter le tigre mort au sous-préfet. Wu Song voyage dans un palanquin. Le sous-préfet offre à Wu Song une belle prime pour son exploit. Wu Song par empathie envers les chasseurs ayant beaucoup souffert des méfaits du tigre leur redistribue l’argent de la prime. Devant tant de courage et de loyauté le sous-préfet veut s’attacher les services de Wu Song, il lui propose donc un poste de capitaine. Il accepte cette offre et rentre au service de la sous préfecture de Yang Gu.
Commentaires :
L’apparition du tigre :
Encore un voile de mystique taoïste dans une montagne. Ce chapitre 23 rappelle de beaucoup le chapitre 1 où le Grand Maréchal Hong Xin rencontre dans la montagne l’énorme serpent à mouchetures blanches et le tigre au front blanc. Jacques Dars le traducteur illustre à ce sujet une cinquantaine de lignes dans les notes du roman. Il nous fait part de la tendance Yin du tigre qui se manifeste dans un lieu de tendance Yang la montagne, cela expliquerait le tourbillon de vent précédent l’apparition du tigre.
La fourche du tigre :
L’instrument de la chasse aux tigres est aussi une des armes emblèmes du kungfu wushu. La fourche a quelque peu évoluée par rapport à l’époque Song. Munie de cinq branches elle n’en possède aujourd’hui plus que trois et prend donc la forme d’un grand trident. Les styles Hung Gar et Choy Li Fut utilisent cet instrument dans des formes codifiées appelées « tao ».
Vous pouvez voir la fourche du tigre sur la photographie présentant le stage d’armes annuel de Nantes tenue par Thierry Borderie (à droite).
http://tao-yin.fr/stage/nantes-georges-charles/
La fourche du tigre par rapport aux éléments :
Le livre « Les armes de la Chine ancienne » de Georges Charles aux Éditions Amphora classe la fourche du tigre dans les armes associées aux hallebardes donc en rapport avec l’élément Bois. Hors cet instrument possède des piques comme la lance donc en relation avec l’élément Eau. La fourche du tigre possède ainsi deux influences une attachée à l’Eau et l’autre au Bois. D’un point de vue énergétique cet instrument permettrait de sortir de l’hiver et d’aborder le début du printemps. Pour les personnes un peu trop souvent en situation d’introversion ou un peu trop méditative, une pratique de fourche peut être la bienvenue.