Chapitre 1 : Hong Xin ouvre les portes du roman
Résumé du chapitre 1 :
Ren Zhong empereur de Chine ne se soumet point aux divers malheurs de son empire. Épidémies, fièvres, pestilences font rage, amplifiées par des révoltes et des famines. Il est temps de conjurer le sort, et le recours à la magie taoïste représente un des seuls échappatoires à cette situation.
Il est décidé d’envoyer une délégation prévenir le Grand Maître Céleste taoïste de la montagne du Dragon et du Tigre afin qu’il se rendre à la cité interdite pour la réalisation des rites sacrés. Le Grand Maréchal Hong Xin porteur de l’Édit de cinabre rédigé à l’encre vermillon par la main impériale est chargé de cette mission de la plus haute importance. Des bâtonnets d’encens sacrés sont également remis à Hong Xin. Une partie en est brûlée au départ du Grand Maréchal au Palais d’Or.
La ville de Xin-Zhou au Jiangxi voit quelques jours plus tard l’arrivée de la délégation, accueillie au monastère de la Pureté Supérieure par l’abbé responsable. Ce lieu se situe au pied du mont du Dragon et du Tigre. Lui et ses moines prennent en charge Hong Xin et sa troupe en leur préparant une maigre ripaille et leur chambre pour les deux nuits à venir. Le reste des bâtonnets d’encens transporté fut brûlé dans la salle des Trois Puretés.
Le lendemain matin les moines préparent un bain parfumé et chaud afin que le Grand Maréchal pratique les ablutions rituelles. Celui-ci revêt une robe de moine, des sandales et part à la recherche du maître céleste en gravissant la montagne. Des épreuves l’attendent, dont l’apparition d’un tigre au front blanc, suivi d’un énorme serpent moucheté également de blanc. Le son d’un instrument se porte à ses oreilles. Il est émis par un jeune taoïste monté sur un buffle jouant de la flûte de fer. Il dit connaître la mission de Hong Xin et lui raconte que le Maître Céleste est déjà parti à la capitale réaliser les rites. Hong Xin toutefois perplexe sur les dires du jeune homme décide donc de rebrousser chemin, il retrouve sa troupe au monastère. Le matin suivant l’abbé leur propose une visite des différentes salles de leur temple. Ils passent devant une porte indiquant « salle des Démons Terrassés » scellée par un énorme verrou et apposée de multiples cachets rouges. À la demande de Hong Xin l’abbé explique que dans cette salle ont été enfermés cent-huit Roi Démons pendant la dynastie Tang. Le Grand Maréchal demeure perplexe, et avec l’arrogance dont il est pourvu il demande aux moines d’ouvrir la porte. L’abbé refuse puis est contraint d’obéir aux ordres de l’émissaire impérial. Après avoir forcé la porte, ils pénètrent tous dans la salle, découvrent une stèle de pierre avec au centre de celle-ci l’inscription « À ouvrir par Hong ». Les moines sont terrorisés lorsque l’ordre de ramener pelles et pioches émis par le Grand Maréchal pour déterrer la stèle est formulé. Après mille efforts les moines arrivent à soulever et écarter la stèle de pierre, elle laisse apparaître un puits sans fond d’une profondeur inquiétante. Puis tout d’un coup, un grondement terrible monta du trou béant, un nuage d’une puissance et d’une rapidité inouïe apparu et perça la toiture de la salle des « Démons Terrassés » pour gagner le ciel. Les trente-six astres célestes et les soixante-douze astres terrestres furent ainsi délivrés. Le Grand Maréchal Hong, pantois, fit jurer à l’abbé et à ses moines de n’en souffler mots à quiconque, et lui-même à son retour à la capitale ne s’en vanta aucunement.
Le Maître Céleste avait procédé à ses rituels à la capitale avant le retour du Maréchal. Épidémies et révoltes cessèrent, ainsi le souverain Ren Zhong put finir son règne tranquillement. Ce sera trois empereurs plus tard, sous le règne Zhe Zong que les 108 Rois Démons s’éveilleront à travers les chevaliers brigands ainsi que dans les légendes et racontars populaires.
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Les rituels du Maître Céleste
Le Grand Maître Céleste de la montagne du Dragon et du Tigre possède la connaissance des rituels sacrés dont celui d’opérer les 3600 invocations aux constellations. Ces invocations permettent sans doute de rentrer en contact avec l’Empereur Céleste résidant dans le Ciel. Le taoïste de la montagne a donc pour but de l’informer afin qu’il épargne le peuple de ses tragédies.
Les chinois divisent le Ciel en vingt-huit constellations que l’on appelle aussi des mansions célestes. On dénombre également trois-cent-soixante subdivisions du Ciel. Nos constellations occidentales sont regroupées par les chinois en mansions célestes. Par exemple « La Chambre » « Feng » comprend les constellations du Serpentaire, de la Balance, du Loup et plus visible du Scorpion.
En lien, une publication en format PDF rédigée par Jean-Claude Martzloff intitulée « les étoiles et les constellations » fait référence aux vingt-huit mansions célestes « Ershiba Xiu ».
Mr Martzloff possède des compétences pointues sur l’histoire chinoise des mathématiques. Il a également travaillé sur l’histoire de l’astronomie en Chine.
http://chinesereferenceshelf.brillonline.com/grand-ricci/files/etoiles-constellations-chinoise.pdf
Dans nos pratiques issues de la tradition classique chinoise, la Méditation Taoïste du « Calendrier de Jade » ou de la « Maison des Calendriers des Rois de la Chine Ancienne » permet une utilisation pragmatique de la projection lumineuse des étoiles, constellations, ou mansions célestes.
Cette méditation est issue de l’École de la « Petite Réalisation du Joyau Écarlate » (Lingbao Ming Xiaodanpai Nei Gong). Elle est enseignée par Georges Charles lors de stage concernant la pratique du Daoyin Qigong de l’École San Yiquan.
Le premier temps appelé « vision intérieure » se pratique les yeux mi-clos en laissant la lumière extérieure entrer à l’intérieur de soi. Les pupilles sont tournées vers l’intérieur. La luminosité des astres peut être ainsi relayée à l’intérieur du corps s’additionnant à la lumière des yeux. Ces sources lumineuses ainsi dirigées vont permettre une exploration dirigée du corps, un peu comme des spéléologues découvriraient une grotte. C’est ainsi que se passe la visite du Champs de Cinabre Supérieur. Les Champs Médian et Inférieur se découvrent de la même façon, les luminaires étant différents, les seins et les reins permettent alors l’éclairage.
On peut donc utiliser les ressources du Ciel, des astres pour inonder de lumière ces zones de nos corps intérieurs, en suivant les saisons, les mouvements de la lune et du soleil.
Le chapitre 1 du roman « Au Bord de l’Eau » et la mise en introduction du cycle HAI dit aussi de révoltes ou d’insultes
« Le cycle HAI est un cycle disséminateur, il tente de détruire l’ordre momentanément établi dans le corps de chaque individu ou bien de déstabiliser un ordre précaire organisé pour compenser un dysfonctionnement momentané. Cette révolte constitue une agression envers l’ordre établi (cycle de domination », ce qui va provoquer en retour une réaction vive : par l’intermédiaire du cycle KE, chaque élément va chercher à rétablir son autorité face à l’élément qui tente de se rebeller contre lui. Par exemple, le métal, qui se révolte contre son élément dominateur le feu, va produire un réveil instantané du feu qui rétablira l’ordre en ré-instituant son pouvoir sur le métal. Ainsi, l’ensemble des réactions des éléments agressés contribuera au rétablissement de la normalité des échanges vitaux. »
Jean-Luc SABY, Yi Yin Fa Ciel-Terre-Homme Qi Gong Taoïste La Forme Intégrale, Éditeur Association « Vent Propice et Pluie Opportune », pages 35-36.
Jean-Luc Saby est l’auteur de ce livre sur les formes préparatoires de l’école San Yiquan présentant les différentes parties techniques et les principes véhiculés par cette forme de Daoyin Qigong.
En lien la page du site de l’association éditrice de ses ouvrages et recherches :
[http://ventpropice.net/collection-qi-gong-taoiste/]
Métal, Feu, Eau, Terre, Bois sont les noms attribués à chacun des Cinq Éléments de la pensée chinoise. Pour bien les comprendre il faut les imaginer en mouvement avec leur nature propre et en interaction les uns envers les autres..
Le Métal coupe et se dirige vers l’extérieur.
Le Feu consume, monte et se dirige vers l’avant.
L’Eau dissout, descend et s’écoule vers l’arrière.
La Terre dispose du centre et à la capacité de s’élargir en périphérie.
Le Bois enserre et se dirige vers l’extérieur.
Dans le cycle HAI, appelé aussi cycle de réveil ou d’insulte, les éléments se rencontre de la façon suivante : le Métal est fondu par le Feu, le Feu est éteint par l’Eau, l’Eau est absorbée par la Terre, et la Terre est épuisée par le Bois, le Bois est coupé par le Métal, et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’un autre cycle permettent d’entrer dans une nouvelle dynamique.
Dans une pratique corporelle issue des Arts du Tao il est ainsi facile en observant les mouvements du corps de définir le type de mouvements utilisés. Reste aux pratiquants d’y placer une intention pour que le mouvement se révèle réellement vivant.
Concernant le roman nous sommes ici face à une démarche littéraire. les Cinq Éléments apparaissent non pas sur une ou des formes corporelles, quoique sur les chapitres suivants nous pourrons en discourir, mais sur une ou des intentions particulières liées à l’espace (monastère, montagne,…), aux mouvements humains (rédaction de l’Édit impérial, travaux d’excavation,…), et aux mouvements naturels de chaque Élément (Bâtonnets d’encens qui se consument,...).
Le mouvement associé au Métal apparaît lorsque l’empereur procède à l’action de l’écriture de l’Édit de cinabre rédigé à l’encre vermillon. Le Métal est ici associé à l’esprit de la décision. La couleur de l’encre rouge vif permet de faire ressortir le papier blanc bien plus qu’une encre noire ne le ferait. La couleur blanche est associée à l’Élément Métal.
Les premiers bâtonnets d’encens brûlent dans le Palais d’Or, c’est l’action du Feu. Ce procédé se retrouve dans les rituels de purification des lieux afin d’améliorer la circulation du Vent et de l’Eau (Feng Shui).
L’Élément Eau apparaît lorsque le Grand Maréchal bénéficie d’un bain chaud parfumé et préparé par les moines avant de réaliser son ascension dans le mont du Dragon et du Tigre. Il doit y réaliser les ablutions nécessaires pour se purifier dans sa mission de transmetteur de l’Édit de cinabre.
La visite du monastère, de couloirs en salles représente l’occupation du lieu, donc du centre et par contre coup la Terre. La conception d’une prise de possession du lieu peut également transparaître puisque l’invité oblige ses hôtes à ouvrir une porte qui aurait en principe due rester fermée.
Les travaux d’excavation de la stèle, se réalisant avec pelles et pioches nécessitent, vu la description, bien du courage et de multiples efforts physiques, l’Élément Bois est symbolisé par l’action de la puissance musculaire associée à l’intention du courage.
Les « Rois-Démons » libérés permettront-ils, en transformant ce cycle de révolte, de retrouver plus de calme, de justice, en permettant à un cycle de génération de s’ouvrir ?